L’abandon fait-il partie d’un processus artistique ?

En travaillant sur mon histoire d’artiste et ma démarche artistique, j’ai cherché à comprendre pourquoi j’étais là, pourquoi cette nécessité de créer et quel était le sens de mon travail.

Cette longue introspection m’a permis d’identifier ma mission d’artiste qui est l’abandon à l’essentiel.

Dans nos sociétés occidentales, l’abandon va à l’encontre de nos diktats d’efficacité et de performance, il a la plupart du temps une connotation négative.

Il est souvent assimilé à un signe de faiblesse, d’impuissance, de résignation et de sacrifice.

A contrario, la persévérance est preuve de force de l’âme.

Pourtant n’est il pas besoin d’abandonner, de renoncer, pour se renouveler et se recréer, pour laisser une énergie nouvelle s’installer?

L’histoire de l’art et l’émergence de ses différents courants artistiques reflète bien cette nécessité.

Par exemple, l’art naïf et l’art brut se sont bien affranchis de la technique et de certaines règles pour faire naître leurs nouveaux courants artistiques.

Au niveau philosophique et spirituel, le bonheur ne procède quand à lui, pas de l’accumulation mais plutôt du dépouillement.

En ce sens, me revient la devise du regretté Pierre Rabhi:«sobriété heureuse», qui est malheureusement devenu un impératif écologique de notre époque.

Il s’agit encore de s’abandonner à une forme de simplicité et de légèreté pour retrouver un sens à notre présence au monde.

Mettre en évidence sa vérité d’artiste est aussi un long cheminement qui nécessite de gratter les couches successives, de se dépouiller pour se mettre à nu et se révéler à soi-même.

L’abandon comme lâcher prise, c’est aussi aborder son travail avec plus de souplesse, il

faut réussir à accueillir ce qui est, à laisser la création être pleinement ce qu’elle est sans l’entraver avec nos seules projections mentales, laisser de côté notre volonté de contrôle, nos attentes et nos désirs.

Il faut savoir établir un dialogue avec la matière et savoir s’abandonner à ces spécificités et à ces contraintes qui lui sont propres.

Dans la création d’une œuvre et son achèvement,tout la difficulté de l’artiste consiste aussi à renoncer, à savoir s’arrêter, à décider quand son œuvre est terminée.

Dans son processus artistique, l’artiste expérimente la spontanéité du geste avec un savant mélange de maîtrise et d’abandon.

L’artiste doit donc s’affranchir d’une certaine technicité pour faire place à sa sensibilité et révéler pleinement son œuvre.

Il difficile d’envisager l’abandon dans notre société occidentale, car cela est souvent associé à un échec ou un sacrifice, pourtant dans ma pratique artistique renoncer m’a permis de me libérer du superflu, de simplifier mon travail , de tenter d’aller à l’essentiel et ainsi de donner plus de sens à mes œuvres.

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