CLAUDIE PERRIGAUD SCULPTURES

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L’énigme de l’indivi-dualité:

Selon une célèbre légende amérindienne, nous avons tous deux loups cachés au fond de nous, l’un est le bien : joie, paix, amour…. et l’autre le mal : colère, envie, jalousie…

Ces deux loups sont en constante confrontation à l’intérieur de nous et sont souvent à la source de pas mal de nos tourments.

Le monde est effectivement fait d’opposés et de contradictions, le contraire de la mort est défini par la vie, le bien ne peut se définir sans le mal, le bonheur sans le malheur.

Notre pensée occidentale est largement axée sur ces opposés, si l’une est fausse, c’est forcément que l’autre est vrai.

Cette dualité s’insère insidieusement dans nos modes de pensées, en nous poussant trop souvent dans un réflexion binaire.

L’être humain est composé de deux parties, le moi « profond » et le moi dit « social ».

Il y a la version que nous révélons au monde, et l’autre que nous gardons cachée.

Lorsque l’on s’interroge un peu sur son identité, et que l’on est attentif à sa façon d’être, on se rend compte, que dans certains moments de vie, on joue un rôle, on est en représentation.

On montre quelqu’un d’autre que ce que l’on est profondément, souvent par peur de rejet et dans un souci d’acceptation.

Enfant, notre individualité est respectée souvent si elle ne va pas à l’encontre des attentes des autres, donc très tôt, on apprend à se mettre au diapason des projections des gens qui nous entourent.

Cette complexité de l’être humain donne son lot d’agitation et de souffrance, on est perdu dans ces deux êtres qui nous composent.

En grandissant, on doit donc apprendre à réconcilier ses paradoxes en nous, à accueillir cette dualité et accepter cette indivi-dualite comme faisant partie de nous.

Nous apprenons petit à petit à accepter ses zones d’ombres pour mieux nous en libérer.C’est déroutant et à la fois fascinant !

Cette ambivalence de contraires est pour moi une formidable richesse, donnant de la matière à ma créativité.

Mes bustes fragmentés sont l’expression de notre présence au monde, de cette force qui nous caractérise mais qui est aussi contrebalancée par ses zones de tourments, cette fragilité inhérente à tous êtres vivants.

Ce qui est lisse, bien polie ne me correspond pas, il ne prend de la valeur à mes yeux que lorsqu’il est associé à une certaine rugosité, quoi de plus beau que l’érosion de la matière ?

La dualité est ce qui enrichit mon travail et le nourrit, je cherche inlassablement le chemin vers une sorte de symbiose esthétique entre les contrastes d’émotions, de pleins et de vides, d’achevé et d’inachevé, entre le littéral et le suggéré.